Il y a quelques années, je me cassais les dents sur X3, un jeu de simulation/gestion spatiale bien buggé et vide de sens qui m'avait vacciné de la série. Vous pourrez sûrement relire le test de Joystick un jour sur mon blog, dans la rubrique "Y'a de la joie dans le rétro". Des pixels sont passés sous les ponts SLI depuis, et on m'a un peu vendu le renouveau avec X Rebirth, nouvel opus de chez Egosoft. Ça tombe bien, il était temps pour une piqûre de rappel : je n'ai pas été déçu du voyage intergalactique...
C'est vrai que les vidéos d'X Rebirth donnaient envie. Certes, je ne savais toujours pas trop si je voulais monter une corporation minière dans un jeu solo pour le seul plaisir d'être riche virtuellement. Mais le titre d'Egosoft semblait offrir de nombreux aspects de gameplay différents dans son univers très joli. Une galaxie un peu plus petite, un seul vaisseau à piloter, mais qui a du chien (les histoires de prototype, je suis toujours bon client)... Certaines aspirations étaient revues à la baisse, au grand mécontentement des fans de ce 4X (excalibur, excommunication, exemplaire, ex-petit amie), tout en avançant tout de même de quoi gérer : des flottes de vaisseaux de commerce, des troupes de combats pour prendre d'assaut les navires ennemis, de la technologie de hacking, des scanners pour partir à l'exploration, etc. Ça sonnait plutôt pas mal sur le papier.
Vide intersidéral à l'arrivée
Je me trouve donc à bord de mon truc bidule prototype récupéré à l'abandon dans une décharge stellaire. Y'a que moi qui l'ai ! Mais voilà que débarque une spationaute en détresse qui s'installe comme copilote le temps de la planquer deux secondes des autorités de Plutarch. Cette corporation fait la pluie et le beau temps dans ce coin de galaxie coupé du reste du monde, et ils n'aiment pas trop les contestataires. Embarqué là-dedans, je serais bientôt mis sur la liste noire. Ainsi débute la campagne solo d'X Rebirth, qui vous apprend à acheter du matos, gérer des équipages, donner des ordres d'achat et de revente, piloter des drones, etc. C'est que ça pourrait être presque pas mal, malheureusement, il y a pléthore d'ombres au tableau, au point de ressembler à un Caravage.
Cumul des mandales
D'une manière générale, X Rebirth est obscur à prendre en main, et les efforts sur l'interface ne donnent rien de bon. On se retrouve avec plein de mini icônes qui flottent dans l'espace et qu'il faut double cliquer pour obtenir un menu. Nul. Les fenêtres de commerce n'ont rien de clair et la carte est peu lisible. Même vendre du bête équipement de la soute de son vaisseau reste une manœuvre délicate. En cabine, on passe du contrôle de l'engin au mode souris libre d'une touche, mais si votre pointeur est loin du centre de l'écran, vous revenez en mode conduite comme si votre manche à balai était poussé à fond dans une direction et le vaisseau par en vrille... Pas pratique. Egosoft a aussi rajouté des autosaves après la sortie du jeu, mais il y aurait un bon besoin d'optimisation (pour la durée des sauvegardes, comme pour la gestion de la 3D d'ailleurs...).
Cantina triste
Et puis il y a toutes les séquences en intérieur : les bases se ressemblent au câble prêt, avec les mêmes couloirs, les mêmes bars, la même musique, la même déco partout, c'est affligeant. Les modèles des personnages sont nazes et trois voix se battent en duel pour toute sorte d'avatars (une voix de jeune femme sur un visage très senior, ça fait crédible...). À propos de discussion, Egosoft a imaginé un système de conversation où l'on tente d'avoir un échange constructif avec un marchand sur un sujet précis. Si on réussit un mini jeu sans intérêt, on gagne des remises... Passionnant, surtout quand on se rend compte qu'il existe trois thèmes à aborder au maximum (l'IA, les autoroutes spatiales, et... quoi déjà ?). Sinon on vous fait ouvrir des caisses et des placards pour looter des bouts de ficelle. On peut même se faufiler dans des conduits d'aération pour dénicher de l'équipement illégal. À quoi bon programmer cela ? Quant aux mises à jour du vaisseau, que l'on peut acheter aux vendeurs ici et là, elles semblent bien pauvres : trois types de scanner ? Quelques missiles ? Deux évolutions de drones ? Ça ne donne pas très envie de se développer...
Le périph' un lundi matin...
Une fois de retour à l'extérieur, c'est un peu mieux : les décors sont jolis, bien que trop chargés parfois. On atteint presque une véritable pollution visuelle. Cela dit, la taille des planètes où même des soleils, que l'on approche fait plaisir à voir. Egosoft a mis au point un système d'autoroute spatiale pour naviguer rapidement de zone en zone, malheureusement on s'en lasse vite. On peut profiter de l'aspiration des autres vaisseaux (dans l'espace ??) pour aller plus vite, mais ça reste bien longuet. Sans compter qu'on ne peut rien faire d'utile pendant les trajets, car il faut surveiller le lieu de sortie pour ne pas le rater. Quelle bonne idée au final, vraiment. En revanche, le vol libre est très agréable : même au clavier on se déplace de manière intuitive et fluide (strafing, rotations...). Les combats, eux, sont classiques et assez pêchus au premier abord, mais l'IA des ennemis se montre trop souvent pathétique. Il suffit en général d'attendre qu'ils se cognent à une structure et qu'ils n'arrivent pas à s'en sortir, pour les dégommer tranquillement.
Vaincu par KO
J'ai pourtant insisté pour essayer d'aimer ce titre, mais il a tout fait pour me convaincre qu'il était injouable. Suite à quelques mésaventures prévues par le scénario dans un coin paumé de la galaxie, me voilà mal vu des Plutarch. Mais je dois pirater une base. En pleine civilisation, pas mal des sbires de cette faction me sautent dessus au premier regard... mais apparemment, je n'ai pas le droit de retourner les tirs, même si c'est moi l'agressé ! Ou que je sois dans la zone, je ne peux donc pas approcher la base à hacker avec mon drone sans me faire harceler la coque du vaisseau, quel que soit l'endroit où j'essaye de me cacher. Résultat : j'explose avant de pirater quoi que ce soit. J'ai tenté le coup sous des tas d'angles différents, avant d'abandonner.
L'espace, c'est bien joli, mais on aimerait que le futur soit un peu moins buggé : il y en a encore des tonnes à déballer qui s'accumulent pour un ras-le-bol général fulgurant. Même si tout fonctionnait parfaitement, je ne suis pas sûr que je trouverais mon compte dans X Rebirth, qui sent le jeu creux dans la plupart de ses interactions. S'il faut en plus faire la guerre contre les développeurs pour réussir à m'amuser... moi je suis pacifique : votre X Rebirth, je vous le laisse.